Paul Simon - Le Boxer va avoir 70 ans cette année...

 C'est en Allemagne que j'ai entendu pour la première fois une chanson de Simon and Garfunkel. J'avais 16 ans  et j'étais chez ma petite amie Claudia, rencontrée en France lors d'échanges scolaires. C'était "Bridge Over Troubled Water" A l'époque nous n'avions pas la possibilité d'avoir accès à la musique aussi facilement qu'aujourd'hui. J'ai donc oublié cette chanson tout en oubliant Claudia. Puis c'est en allant en Espagne, toujours avec le lycée, que j'ai ré-entendu ce refrain mais cette fois-ci au milieu de tout un album. L'album du "Best Of" du célèbre duo américain. Je suis tombé fou amoureux de quelques chansons. J'étais un jeune guitariste. Je maitrisais déjà la plupart des accords et j'ai commencé à jouer "The Boxer" assez mal je dois l'avouer. Je suis rentré d'Espagne fan de Simon and Garfunkel et comme je ne fais jamais rien à moitié, j'ai acheté tous les albums, puis toutes les partitions. Je ne chantais plus que ça. J'ai tellement décortiqué les chansons de Paul et de Art que mon anglais s'est amélioré d'une façon fulgurante. J'étais touché par la poésie de Paul Simon, romantique, sensible, mélodique. Cela me correspondait assez bien. J'aimais particulièrement "Kathy's Song", puis "America" et Homeward Bound". C'était pourtant déjà des chansons d'une autre génération, celle de mes parents. J'aimais la liberté de pouvoir chanter des poèmes un peu comme les troubadours d'autrefois. C'est si simple de prendre une guitare et de chanter et ça rend heureux. En 1984, trois ans après avoir découvert Simon and Garfunkel, je suis partie en Amérique, à Indiana, Pennsylvanie, toujours dans le cadre d'un échange avec le lycée. J'avais 19 ans et je n'étais pas vraiment en avance dans mes études tant j'ai passé du temps à rêver. C'est pendant ce séjour que j'ai découvert mon autre mentor musical, Mr James Taylor. J'étais dans une voiture en direction des chutes du Niagara et je longeais l'immense Lac Erié. A la radio passait alors une chanson où je reconnaissais Paul Simon et Art Garfunkel. Il y a avait un troisième type. Je ne connaissais pas cette chanson. Je demandais alors à mon correspondant américain Adam. Il me répondit qu'il s'agissait de James Taylor et que la chanson était "What a Wonderful World", une reprise du tube de Sam Cooke. Lorsque je suis rentré en France, j'ai fait une infidélité au couple new yorkais pour changer de style de jeu de guitare et me plonger dans l'Univers d'un autre géant du Folk. James Taylor.
Simon et Garfunkel étant séparés, j'ai continué à acheter les disques solos de Paul Simon. J'ai assez vite compris que dans le duo, c'était bien évidemment Paul que j'appréciais. Je retrouvais dans ses disques la même musicalité et les mêmes mots. Il manquait, à mon goût, la tierce qu'ajoutais Art à la voix de Paul.

Bref, des années ont passé. Presque trente ans et je vois mon bon vieux Paul les cheveux grisonnant ressemblant de plus en plus à un vieux rabbin de Brooklyn. Je l'avais tellement chanté que lorsque je parlais américain, j'adoptais son accent juif new-yorkais. Combien de fois des américains me l'ont dit?

Le 6 juillet je serai au palais des expositions pour le voir sur scène. Ce sera la deuxième fois en 20 ans. Je l'avais vu au Zenith de Paris pour la sortie de Graceland. Je l'avais même rencontré et lui avais serré la main. Cette fois-ci je serai avec ma fille Victoire qui a 14 ans et qui joue déjà remarquablement de la guitare. Elle commence à comprendre pourquoi j'aime Paul Simon car il faut le jouer pour se rendre compte combien ses mélodies, ses rythmes sont subtils. On peut jouer "The Boxer" à différents niveaux. Aujourd'hui je le joue comme lui, à l'identique mais il m'a fallu des années avant de piquer tous les petits trucs qui rendent l'accompagnement du disque.

J'ai aimé "You've Got a Friend" que James Taylor a rendu célèbre dans le monde entier, j'ai aimé "Bridge Over Troubled Water" deux chansons différentes qui pourtant disent exactement la même chose : C'est important dans la vie de pouvoir compter sur un ami. Paul Simon m'a amené à la poésie. Il m'a ouvert le coeur et depuis il ne s'est jamais refermé. J'ai fait d'autres rencontres. Celles de Neil Young, de Dylan, de Roger Waters et des Pink Floyd, des Beatles bien sur...puis de Rimbaud, de Baudelaire, de Victor Hugo. La musique mène à la poésie et la poésie à la musique. Quand les deux sont emmêlés dans une jolie chanson, alors le Grand Oeuvre de l'Alchimie a transmuté le plomb en or. Paul Simon est un grand alchimiste de la chanson populaire.


Ma Version d'il y a quelques années


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