Alimentation, sensorialité et longévité.

Que savons-nous au juste du goût, des goûts? Tous les goûts sont dans la nature. Voila un adage d'une grande sagesse car lorsqu'il s'agit d'établir des constantes en matière de goûts, il y a autant d'avis que d'individus. La sensorialité diminue avec l'âge et avec la prise médicamenteuse parfois. Cette diminution de l'odorat (anosmie) ou du goût (agueusie) impacte sur la qualité et sur la quantité de ce que nous mangeons. L'alimentation est irrémédiablement liée au désir de manger (faim) et au plaisir de manger. Quand ce plaisir diminue, l'alimentation pose alors un problème. 

Nous ne savons pas très bien les effets de l'évolution sur le goût mais il semble à travers quelques études que le goût "sucré" soit le premier à apparaître et le dernier à disparaitre. Le bébé et le vieillard cherchent le goût sucré. Chez le bébé, cela se passe dès les premiers repas de lait. Le bébé fait connaissance alors avec le plaisir. Le sucre du lait déclenche des endorphines et autres substances du plaisir qui associent dans le jeune cerveau du bébé affection et alimentation. C'est aussi le début de la sensualité et de la sexualité (phase orale). On parle de glissement métonymique, lorsque l'enfant tête il associe le plaisir à la succion et à l'alimentation. Cela explique pourquoi nous grignotons davantage quand nous sommes en manque d'affection. On peut aussi grignoter par gourmandise! Ne déculpabilsons pas trop vite tous les grignoteurs et grignoteuses! En revanche tous les gourmands sont des sensuels!

Chez le vieillard, la recherche du goût sucré, tout comme chez l'enfant, est la recherche également de l'énergie rapidement assimilable. La personne très âgé a souvent un métabolisme fatigué et son organisme ne stocke plus les graisses comme avant. Il a donc besoin de recharger les batteries plus souvent par des collations hyperprotidiques (pour entretenir la masse musculaire) et des collations hypercaloriques (avec plus de sucres que de lipides). C'est une intuition. Je ne connais pas d'études précises qui aient traité ce point.

C'est pourquoi on dit souvent, dans nos clubs de nutrition et gériatrie, que passé 75 ans, on doit supprimer tous les régimes qui peuvent l'être. Même un diabétique peut manger du sucre dès lors qu'il a les bonnes insulines et qu'il se mesure et se traite en conséquence. Les progrès sur les insulines et sur les outils d'administration sont remarquables ces 2O dernières années.

La sensorialité et la sensualité sont cousines. L'alimentation ne peut pas et de doit jamais se déconnecter du plaisir. Chasser le plaisir de l'alimentation d'une façon dogmatique est un non sens absolu. Il y a en ce moment notamment chez les cadres supérieurs une mode des régimes et du sports qui confine à l'endoctrinement. Ils se privent de chocolats, de dessert, de beurre, d'huile et ne se rendent pas compte qu'ils hypothèquent sur leur avenir. Ils se privent de convivialité. Je ne parle bien sûr que de ceux qui sont dans le "too much". Sinon cette mode par elle-même relève d'une certaine sagesse.

Il faut lutter contre l'obésité mais la maigreur n'est pas recommandée non plus en dépit des salades de quelques gourous parisiens du régime qui nous comparent à des souris maigres qui vivraient plus longtemps que les autres. Il y a des études qui prouvent le contraire chez l'homme, un excès de poids à 50 ans apporterait une survie prolongée de 10 ans.

Le secret de la longévité est assez simple. Il part du bon sens. La vie est un processus de consuption. Elle n'est pas que ça bien sûr! Mais on peut la comparer à une ampoule. La longévité d'une ampoule tient à plusieurs choses : sa qualité originelle (pas de défauts de fabrication), la façon dont on l'utilise (fréquence allumage, extinction), économie de l'éclairage ou non. Lorsque vous fumez, lorsque vous buvez, lorsque vous mangez en excès, lorsque vous êtes sédentaire, vous brûlez votre ampoule plus vite. Elle se grillera vraisemblablement plus vite. En revanche si vous vous alimentez bien, si vous avez une activité physique régulière, si vous dormez bien, si vous avez du plaisir à vivre, si vous n'avez pas trop de stress quotidiens, votre ampoule a plus de chance de durer longtemps. Après, l'hygiène de vie est le choix de chaque individu. Ca ne se discute pas mais en revanche en homme averti en vaut non pas deux mais parfois un et demi en terme de longévité gagnée par l'hygiène de vie.

Bien sûr, il y a les accidents de la vie qui peuvent casser l'ampoule avant même sa péremption. C'est l'alea (dés en latin) que nous ne maitrisons pas. C'est pas toujours nous qui les jetons. Le hasard (dés en arabe) parfois s'immisce dans nos plans et projets.

Ménagez votre monture, vivez heureux, c'est le plus important.

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