Charlie Hebdo : Le triomphe du Nihilisme et du Mal.

Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas décidé  à écrire un article sur mon blog mais face à l'horreur de l'actualité d'hier j'ai décidé de me remettre à mon clavier afin de clarifier ma pensée sur la situation actuelle en France. Venant d'une culture de gauche, on m'a toujours reproché de défendre Éric Zemmour. Précisément dans ma culture de gauche on m'a appris aussi à respecter les opinions des autres y compris celles que je ne partage pas.

D'abord on pourrait se demander ce qu'est une culture de gauche ? Autant être de gauche avait une signification il n'y a seulement que 20 ans qu’aujourd'hui je serais bien embêté de tenter de proposer une définition. Toutefois en simplifiant au maximum je pourrais dire que pour moi un homme de gauche et quelqu'un qui a décidé que l'égocentrisme seul n'a pas de sens sans l'indispensable altruisme. Edgar Morin l'explique très bien. Si l'égocentrisme est indispensable pour le développement personnel l'altruisme est tout aussi indispensable pour la relation que nous avons avec ceux qui nous entourent, nos parents, nos frères et sœurs, nos enfants, nos conjoints, nos amis. De l'altruisme découle forcément l'idée de solidarité. L'espèce humaine a survécu à de nombreuses catastrophes grâce à la solidarité. On a découvert il y a peu que dans les familles archaïques chez les hommes préhistoriques qui vivaient de cueillette et de chasse que ce n'était pas l'individualisme qui primait. Celui qui avait fait une bonne pêche, une bonne chasse ou une bonne cueillette partageait avec celui qui avait eu moins de chance. Cela va totalement à l'encontre de ce que disait Ricardo qui considérait que c'était la compétition qui avait permis à l'homme de devenir plus fort. Nous avons aujourd'hui que le partage peut permettre de surpasser des crises. Si je me définis aujourd'hui encore en homme de gauche c'est que je crois fermement que l'humanité a plus d'avenir dans la solidarité que dans l'individualisme forcené. L'État-providence aujourd'hui tant décrié par les néolibéraux a permis de gagner en bien-être et en longévité. Cependant, pour qu'un tel système puisse durer, il faut un certain nombre d'acteurs pour contrôler et gérer le système d'une façon la plus juste possible.

Pendant très longtemps ce sont les religions qui ont porté l'idée de morale et d'éthique. Je pense particulièrement au christianisme et à l'enseignement d'un certain Jésus-Christ. L'enseignement de cet homme qu'il soit fils de Dieu ou non a été en rupture totale avec l'idéologie grecque du Cosmos et de l'Aristocratie. En effet à l'époque des Grecs anciens le monde était parfaitement ordonné. Chaque chose, chaque être humain était à sa place. C'est ce que les Grecs appelaient la cosmologie. C'est pour cette raison qu'Ulysse a quitté l'île de la belle Calypso, où il était comme un coq en pâte,  pour rejoindre Ithaque, la ville où se trouvait sa famille et les siens. À cette époque-là les hommes étaient divisés entre citoyens et esclaves. Les hommes ne naissaient pas libres et égaux même s'ils partageaient déjà un destin commun. Il a fallu attendre les paroles de ce fameux Jésus-Christ pour entendre parler de fraternité et d'égalité entre les hommes devant Dieu. Même si selon moi la religion chrétienne est celle qui me parle le plus en matière d'exemplarité pour une morale juste, je considère que les autres religions ont porté aussi un message de sagesse. L'éthique a permis aux sociétés humaines de s'agréger pour former des nations. Tout le monde se reconnaissait derrière un symbole, derrière un drapeau, derrière une culture. L'éthique et la morale ont été le ciment pour maintenir une certaine paix sociale. Il est plus facile d'accepter la misère lorsque l’on n’a pas comme valeur principale la richesse matérielle. Si vous retirez aux hommes le savoir, l'Espérance et la foi alors il ne reste plus que la compétition individuelle pour tenter d'acquérir la vie bonne qui peut se résumer aujourd'hui par le fait d'avoir un écran plat, un iPhone ou une belle voiture.

Lorsque Nietzsche à la fin du XIXe siècle proclama la mort de Dieu il ne s'imaginait pas que les conséquences seraient très importantes sur la société humaine. Toutefois il faut être juste avec Nietzsche, même s'il annonce la mort de Dieu, jamais il n'a souhaité la disparition des religions. Nietzsche dénonce essentiellement l'adulation des idoles. C'est plus une critique de la qualité de la foi qu’une critique de la foi en elle-même. Nietzsche considérait que l'homme qui décidait de consacrer sa vie à la foi et dans l'espérance d'une vie meilleure dans un « au-delà » imaginaire était un nihiliste. Le mot nihiliste ici n'est pas du tout utilisé dans le sens du mot aujourd'hui. Pour Nietzsche les nihilistes étaient des gens qui considéraient que la vie sur terre n'était rien et que seul comptait le Salut de son âme dans un « au-delà » imaginé meilleur que l' « ici-bas ». Le problème avec les hommes c'est que dès que vous leur retirez Dieu pendant cinq minutes ils s'empressent de le remplacer par une idole. Souvenez-vous de l'histoire du Veau d'Or avec Moïse. Aujourd'hui le Veau d'Or s'appelle le monde de la Finance. Nous avons changé de dogme. Nous sommes passés du dogme religieux au dogme économique. Ce ne sont plus les hommes politiques qui gouvernent le monde, ce sont les banques d'affaires. Ces banques d'affaires d'ailleurs n'ont pas de nationalité. Elles sont indifférenciées et indifférentes au monde qui les entoure. Seuls compte la rentabilité le profit et le toujours plus pour une poignée d'individus qui se gobergent au détriment des autres. C'est un phénomène que j'aime souvent comparer au cancer. La cancérogenèse apparaît lorsque certaines cellules refusent d'être solidaires et décident de ne plus obéir aux règles de leur système. Elle s’indifférencient en créant leur propre monde et en se désolidarisant totalement des autres cellules et en faisant tout pour échapper au système immunitaire. Le cancer est une maladie de l'égoïsme. Le monde occidental après la révolution française s'est engouffré dans le système capitaliste qui apparaissait être le système plus efficace pour enrichir un maximum de personnes. C'était en fait un voeu pieux. Marx avait parfaitement imaginé le devenir du Capitalisme et le poison qu'il contenait dans sa vénération pour la Technique.

L'attentat horrible du 7 janvier 2015 qui tua 11 personnes dans les locaux du journal Charlie hebdo représentes à mes yeux un tournant du même acabit que celui du 11 septembre 2001 à New York. 
Il s'agit d'un échelon supplémentaire de violence qui a été franchie démontrant une barbarie peu singulière. Nos amis Cabu, Wolinski, Chrab, Tignous et Maris sans oublier les autres victimes furent tous assassinés froidement par trois individus prétendant représenter une fraction extrémiste de l'islam. Je rappelle que le mot islam signifie paix et que tout acte de violence commis au nom du Prophète est un blasphème. On a le droit de critiquer ceux qui font de la dérision de tout leur métier. On a le droit de penser qu'ils sont allés trop loin dans la provocation mais personne n'a le droit d'attenter à la vie d'un journaliste dans un pays où l'expression est libre et où chacun a le droit de répondre en utilisant la presse ou les réseaux sociaux. À cause de cet attentat des centaines de milliers de musulmans en France ont été salis parce qu'assimilés à des terroristes. Toutefois il me paraît salutaire d'organiser les États généraux sur l'immigration afin de décider quelle est la bonne manière pour accueillir des étrangers sur notre territoire dans un pays qui est en crise, crise de l'emploi, crise du logement. Pouvons nous accueillir des étrangers sans que ceux-ci aient trouvé un travail, sans que ceux ci aient trouvé un logement digne. Pouvons-nous tolérer que des étrangers d'une même communauté refusent de s'assimiler et continue à s'habiller selon la coutume de leur pays d'origine et que des quartiers entiers d'une ville ressemblent à un territoire étranger. Avons-nous le droit de refuser le cosmopolitisme en France et considérer qu'il est dangereux car il peut être comparé à une poudrière. Le cosmopolitisme n'appartient pas la tradition française. La tradition de la république française est l'assimilation. L'assimilation ne demande pas que l'on renonce à sa culture d'origine mais que celle-ci passe en deuxième plan. Moi-même je suis d'origine espagnole et lorsque mon grand-père et ma grand-mère sont arrivés en France après la guerre d'Espagne ils ont fait le vœu de devenir français. Même si la langue espagnole était parlée à la maison de temps en temps c'était bien le français et qui était parlé le plus souvent et leurs enfants ont abandonné petit à petit tout le folklore espagnol pour devenir français. Lorsque j'ai décidé d'apprendre l'espagnol à l'université cela a presque été ressenti par mon grand-père comme quelque chose d'anachronique. Il n'était pas bon de parler espagnol et d'être nostalgique. Il fallait aller de l'avant et s'intégrer totalement dans la culture française. Aujourd'hui le modèle républicain ne joue plus son rôle d'assimilation. L'autorité de l'État a disparu et c'est même devenu presque ringard de se dire patriote ou de dire que l'on aime sa nation. L’Éducation nationale a été sacrifiée volontairement car sans doute coûte-t-elle trop cher ? Les professeurs enseignent dans des classes de 40 élèves et n'ont plus d'autorité tellement on a dénigré les maîtres et les professeurs des écoles. Du coup une majorité d'élèves arrive au brevet ne sachant ni lire ni écrire véritablement. Les populations les plus touchés sont particulièrement les populations immigrées où le français n'est pas parlé à la maison. Ces élèves-là sont perdus et n'ont pour seul motivation que de chercher une revanche. Ils pensent que leur échec est lié au racisme des Français de souche. Non seulement il n'y a pas de français de souche mais leur échec n'est pas lié au racisme mais à leur paresse et au système économique qui a décidé de les sacrifier pour faire d’eux des futurs esclaves prêts à travailler pour une misère. Beaucoup de ces jeunes ont trouvé dans les jeux, dans l'oisiveté, dans le fondamentalisme une forme d'existence qui soit les valorise soit les distrait. Un grand nombre de ces enfants sont manipulés par cette fois-ci des vrais salauds qui les embrigadent et font d’eux des criminels. Fort heureusement il existe beaucoup de contre-exemples. Il existe aussi des tas de gamins sans doute plus intelligents que les autres qui ont réussis à utiliser l'école gratuite pour s'en servir d'ascenseur social et s'en sont sortis. Il n'y a pas d'enfant pire ou meilleur. Il y a dans chaque enfant la possibilité de s'épanouir. Tous ne trouvent pas le chemin. Ce qui est sûr c'est que la France n'a pas les moyens d'accueillir cette fameuse misère du monde dont parlait Michel Rocard. Il est criminel d'accepter des étrangers sur notre sol sans avoir la capacité de les accueillir dignement et leur donner la possibilité de devenir des êtres libres et heureux sur notre territoire. Vivre en France apporte beaucoup d'avantages car nous sommes un beau pays généreux. Cependant on ne peut pas bénéficier des avantages qu'apporte la France sans rien donner en contrepartie . La contrepartie c'est de s'engager à vouloir devenir français et à servir ce pays. Tous ceux qui viennent en France pour y vivre toujours doit faire une demande de nationalité française. Je suis pour que la France continue à soigner gratuitement certains étrangers en situation de détresse extrême mais il faut aujourd'hui réglementer d'une façon stricte l'accès aux avantages sociaux. Ces avantages sociaux ont été acquis parfois au prix du sang et ne doivent être consentis qu'à ceux qui jurent sur l'honneur de vouloir servir ce pays pour lui rendre tout ce qu'il donne avec beaucoup de générosité. Si le livre d'Éric Zemmour a connu tant de succès c'est qu'il parle aux Français. Il leur dit quelque chose sur le malaise actuel. Même si je suis loin d'être d'accord sur les propos souvent excessifs d'Éric Zemmour je dois reconnaître qu’il dit des choses justes et légitimes. Il faut arrêter de faire des amalgames entre le fait de dire que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde et la faire passer pour un pays raciste. C'est précisément parce que ce pays ne veut pas tomber dans le racisme qu'il faut maintenir une paix sociale en limitant l'immigration en France. La France doit prendre ses responsabilités d'ancien pays colonisateur pour aider ses anciennes colonies à se développer et à se prémunir contre les conséquences du réchauffement climatique afin qu’ils contiennent leurs populations limitant ainsi l’émigration vers nos pays riches…riches de dettes.


Selon moi le fondamentalisme religieux serait les dernières convulsions d'un grand corps malade qui est celui des religions et qui refuse de mourir et qui dans un ultime désespoir perd la tête. Comment devient-on un terroriste ? Comment arrive-t-on à monter dans un avion et à le faire s'écraser dans une tour en se suicidant. Par quels stades de désespoir faut-il passer pour en arriver à sacrifier sa propre vie dans un élan de haine ? Je crois que nous avons fabriqué de toutes pièces tout ces golems, ces hybrides, ces monstres. Ils sont la conséquence de l'hubris du capitalisme de ce XXe siècle. Nietzsche écrivait dans « Ainsi Parlait Zarathoustra » : Dieu est mort. La mort de Dieu à donné l'illusion que tout était permis. Le veau d'or qui est érigé s'appelle « le monde de la finance ». Tout comme le fondamentalisme c'est une chimère, un monstre qui génère du mal en faisant de l'égoïsme une vertu. Encore une fois je répète que l'égocentrisme a besoin de l'altruisme tout comme l'altruisme a besoin d'égocentrisme. L'un ne va pas sans l'autre. Notre monde meurt par absence de finalités. Les règles et les moyens sont devenus les principaux acteurs du monde économique et les finalités ont disparu. On ne sait plus pourquoi il faut croître. Il n'est plus question de modernité et de recherche de bonheurs partagés.  La religion économique a pour devise « démerdez vous ». C'est même le thème du dernier livre de Jacques Attali. Le pire c'est qu'il pense vraiment que c'est une vertu. Souvenez-vous de la question de Raskolnikov dans « Crimes et Chatiments », question qui a obsédé Dostoïevski dans toute son œuvre. Si Dieu est mort tout est-il donc permis ? Le dernier livre de Michel Houellebecq, « soumission » nous interroge également sur ce thème. Pouvons-nous vivre sans Dieu longtemps sans tomber dans le cynisme et le nihilisme ?

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