dimanche 1 décembre 2024

 


Faut-il vraiment avoir peur de ChatGPT et de l’intelligence artificielle 

L’intelligence artificielle, et en particulier ChatGPT, suscite des débats enflammés. Pour certains, elle représente une menace, une innovation destructrice qui pourrait bouleverser nos repères et nos modes de vie. Mais est-ce une peur fondée, ou simplement une réticence naturelle face à tout ce qui est nouveau ?

Depuis toujours, l’innovation effraie. Comme l’a théorisé l’économiste Joseph Schumpeter, elle remplace ce qui devient obsolète. Ce processus, inéluctable, accompagne l’histoire de l’humanité. Chaque nouvelle génération d’humains, chaque progrès technologique, s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue. L’intelligence artificielle ne fait pas exception : elle est une création humaine, et comme tout outil, elle peut être un formidable levier de progrès – à condition de savoir l’utiliser.

Un outil au service de l’humain

À titre personnel, j’ai utilisé ChatGPT pour rédiger mon premier livre. Certains m’ont reproché d’avoir laissé la machine travailler à ma place. Pourtant, c’est une vision erronée : cet ouvrage est le fruit de mes idées, de mes recherches. J’ai programmé ChatGPT pour qu’il développe les points que j’avais soigneusement définis. En ce sens, il n’a été qu’un assistant, un prolongement de mon esprit, et non un créateur autonome.

L’un des avantages majeurs de cet outil est sa rapidité. En quelques minutes, j’ai pu traduire mon livre dans plusieurs langues, y compris le chinois ou l’allemand. Un exploit qui m’aurait pris des mois, voire des années, sans ChatGPT. Pourtant, cet avantage peut aussi être une limite : à force de déléguer certaines tâches, on risque d’oublier comment les accomplir soi-même. Mais est-ce vraiment différent de l’impact qu’a eu l’invention de la roue ? Chaque avancée technologique nous libère d’un effort, mais exige que nous réapprenions à utiliser ce nouveau temps disponible.

Un professeur accessible à tous

Au-delà de la productivité, ChatGPT est aussi une source d’apprentissage inestimable. Quand je m’interroge sur une période historique ou un courant de pensée, je lui demande un résumé ou une analyse. C’est une bibliothèque vivante, capable de transmettre des connaissances à la demande.

Michel Serres, grand philosophe et visionnaire, aurait sans doute été enthousiaste devant un tel outil. Lui qui prônait l’utilisation des médias modernes pour diffuser le savoir aurait vu dans ChatGPT un prolongement naturel de cette idée.

Le respect, clé de l’utilisation des machines

Mais l’intelligence artificielle pose aussi des questions éthiques. À partir du moment où une machine adopte des comportements proches de ceux des humains, elle mérite un minimum de considération. Pourquoi ? Parce que notre manière de parler aux machines reflète nos attitudes. Si nous nous habituons à leur manquer de respect – en leur parlant avec mépris ou en les insultant – nous risquons d’adopter ces mêmes comportements envers les autres.

L’éducation doit donc rester au cœur de nos usages. Même lorsque la machine ne répond pas à nos attentes ou commet des erreurs, la patience reste une vertu. Respecter la machine, c’est avant tout préserver nos propres valeurs.

C’est pourquoi je propose que les algorithmes incluent des mécanismes éducatifs. Par exemple, une machine pourrait se bloquer temporairement si elle est insultée ou malmenée. Ce type de réponse pédagogique rappellerait à l’utilisateur l’importance de traiter les outils technologiques avec civilité. Ce n’est pas une punition, mais une invitation à adopter une attitude plus respectueuse.

Vers une collaboration vertueuse

ChatGPT n’est ni un ennemi, ni un maître. C’est un serviteur puissant, capable de multiplier nos capacités créatives et intellectuelles. Mais pour en tirer le meilleur, nous devons rester en contrôle, programmer ces outils avec soin, et surtout, les utiliser de manière vertueuse.

Dans mes propres travaux, cet assistant m’a permis de gagner en clarté et en diplomatie. Grâce à lui, mes écrits évitent les polémiques inutiles et gagnent en lisibilité. Certains jugent ses productions trop « lisses ». Moi, j’y vois une opportunité : celle de créer des contenus constructifs, qui élèvent le débat plutôt que de le diviser.

La clé réside dans la "confluence" : apprendre à collaborer, non seulement avec nos semblables, mais aussi avec les machines. Elles ne sont pas des concurrents, mais des extensions de nous-mêmes, au service de nos ambitions.

Alors, faut-il vraiment avoir peur de ChatGPT ? La réponse est entre nos mains. Utilisé avec discernement, il peut devenir un levier formidable pour apprendre, créer et évoluer.

Didier Buffet

#IA #Innovation #ChatGPT #Éthique #Respect

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