Anatomie d'une chute - Maltraitance en Ehpad

Mon papa est décédé le 6 juin 2023 à 9h30 du matin. Il est entré en Ehpad début mars 2022, un établissement à proximité du domicile de ma maman, à sept kilomètres seulement, afin qu’elle puisse lui rendre visite chaque jour. Car non, on ne "place" pas une personne âgée : on la déplace , et ce déplacement est une déchirure. Il s’opère toujours d’un lieu familier, intime, vers un espace étranger, souvent froid — à l’image de la représentation que nous nous faisons de la mort. Ce geste, pourtant souvent nécessaire, n’en est pas moins un crève-cœur. Institutionnaliser un être cher, c’est s’avouer vaincu, reconnaître l’épuisement, tout en se convainquant que c’est "pour son bien". Mais quelle violence silencieuse... Et puis, ce mot, aidant … je le rejette. Il est technocratique, administratif, désincarné. Mon père n’avait pas un aidant : il avait une épouse aimante. Je n’étais pas son aidant : j’étais son fils, son sang, son prolongement. Ce terme-là, aidant , neutr...